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Un jour, par aventure, nombre de femmes galantes se trouvèrent ainsi assemblées autour d’elle ; il n’y avait là que des amies éprouvées, car on avait eu soin d’éloigner ces femmes qui viennent uniquement pour observer ce qui se passe d’extraordinaire et le répéter ; aussi la conversation était-elle générale.

— Ma chère Elfiyé-Cadine, dit l’une, il est une chose de première importance pour nous toutes qui sommes ici réunies ; nous voudrions avoir de vous quelques détails sur la manière de faire goûter à l’homme la plus grande somme de jouissances pendant la copulation et de nous l’attacher. Dites-nous aussi ce qu’il faut que nous évitions pour ne pas lui déplaire ; expliquez-nous, en un mot, comment nous pouvons lui inspirer amour et affection.

Elfiyé prend alors la parole pour répondre : — Mes chères filles, dit-elle, je vous conseille premièrement de vous montrer couvertes de vêtements parfaitement propres aux hommes qui s’approchent de vous : les sourcils noircis, les yeux animés par le sombre antimoine, les doigts soigneusement teints du rouge henné, toutes parfumées d’une agréable et suave odeur ; peignez-vous artistement, faites faire à vos cheveux plusieurs tours gracieux et arrangez-vous de façon à paraître en posséder plusieurs livres. Avec de l’assiduité vous arriverez graduellement à porter au dernier degré de perfection votre toilette ; alors l’homme sera de plus en plus porté