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laquelle on peut se fier, disait-il, elle se détournerait d’une puce mâle et, quand elle va donner le grain à nos volailles, elle se couvre la figure et les seins de peur d’être vue de notre coq ! — Celle-là est trop forte, fit un des auditeurs, gaillard de bonne mine, grand coureur, et ferré sur l’article des femmes ; parions que tu veux nous en faire accroire sur ce dernier point ! — Parions que je dis vrai ! — Et parions que, si tu dis vrai, je te ferai cocu à tes propres yeux !

La gageure est acceptée de part et d’autre et les enjeux, une fois déterminés, déposés en mains tierces, comme cela se fait entre honnêtes gens.

— C’est justement le moment de donner à manger aux poules, fait alors le mari, allons à mon jardin et, à travers la haie, je vous ferai voir si je vous en ai imposé.

À pas de loup toute la société, vieux et jeunes, barbes blanches et barbes noires, suit le mari confiant. Ils ne tardent pas à voir paraître la dame : elle était, en effet, voilée de la tête aux pieds, ne montrait qu’un œil et détournait le regard quand le coq s’avançait de son côté pour picoter le grain tombé à ses pieds. Ainsi le mari confiant gagna la première gageure.

Le lendemain, pendant la journée et à l’heure où chacun faisait la sieste, le galant qui avait parié avec lui se rend au jardin avec deux amis. Ils avaient apporté