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s’écrie : — Sur le bonheur qui arrive après soixante ans, on ne peut que pisser.

Le proverbe en est resté.


III

L’Arc tendu.


Le Sultan venait de faire choix d’un nouveau grand-vizir. Animés du désir d’attirer sur eux les rayons de la bienveillance de ce soleil levant, tous les dignitaires de l’État s’ingéniaient à se concilier les bonnes grâces du tout-puissant dépositaire du sceau de l’empire.

À peine le pacha d’Égypte est-il informé de la nouvelle nomination, qu’il s’empresse de choisir, parmi toutes les beautés du bazar du Caire, le morceau le plus appétissant : une jeune esclave au teint de rose, aux hanches rebondies, à la taille de cyprès, à la démarche douée d’un voluptueux balancement et dont l’œil noir reflétait les plus aimables ardeurs. Il la pare magnifiquement, la fait monter sur un chameau et la confie aux soins d’un aga de fidélité éprouvée, auquel il remet une lettre de félicitations et d’envoi pour le grand-vizir.

Notre aga se met en marche avec le trésor d’amour destiné à attirer, sur la tête de son maître, les bienfaits du dispensateur des faveurs et des châtiments. De peur