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Cette situation se prolongea jusqu’à ce qu’enfin, sur un signe d’elle, chacun s’en fut gagner son lit avec sa belle.

Ainsi je vis la Marocaine s’éloigner. Je fus me coucher machinalement, comme en proie à l’ivresse, mais, dans le silence de la nuit, mes yeux ne pouvaient goûter le sommeil : je l’avais vue et c’est tout dire. Mon lit était dressé au pied d’un mur et, en face de moi, de l’autre côté de la chambre, était celui où elle reposait avec son amant. Tout effort pour la rejoindre me semblait inutile ; dans mon trouble je ne faisais que me tourner d’un côté et de l’autre.

Tout à coup ma belle, qui ne dormait pas plus que moi, commence à s’agiter ; on sent combien je brûlais de la satisfaire.

— Seigneur ! fis-je alors, laisse-moi profiter de cette occasion, accorde-moi cette grâce ! En priant ainsi mes yeux étaient mouillés de larmes.

À ce moment, elle se lève sans bruit et m’appelle.

— Ah ! Madame ! lui dis-je, que mon sort est malheureux !

— Que t’est-il donc arrivé, mon cher ? Où en es-tu donc ?

— Hélas, il m’est survenu une colique et j’en souffre rocement, aussi, malgré tous mes efforts et toute ma