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VI

Le Galant insuffisant.


Qanouni-Ahmed était connu comme un légiste des plus distingués ; homme d’un esprit enjoué, il se plaisait à la conversation et à réunir, dans cette vue, quelques amis. Un jour nous nous rendîmes à l’une de ses réception ; nous y trouvâmes, outre le maître de la maison, deux invités. Auprès de chacun d’eux, se tenait une femme charmante, d’une beauté aussi parfaite que rare.

— De quels jardins, dis-je en matière de compliment, ont donc été tirées ces roses ?

— L’une est d’Égypte, l’autre de Syrie et la troisième du Maroc, me répondit-on.

La Marocaine était une belle florissante de santé, de taille, de lignes et de stature bien proportionnées. Je savourais avec délices le plaisir d’admirer ses grâces et ses attraits. Son cœur ne resta pas insensible à mon attention, car elle commença à raconter de joyeuses histoires et à entreprendre le récit d’anecdotes gaillardes. Je prenais un plaisir extrême à l’entendre, j’en fus bientôt tout transporté. Je ne perdais pas une de ses paroles enchanteresses, chacun de ses éclats de rire me semblait un roucoulement de rossignol : bref, je ne me possédais plus, mais personne ne remarqua mon agitation et mes soupirs.