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— Laissez, seigneur, lever le prochain soleil, puis quand il se sera montré à son balcon, dirigez vos pas vers ma modeste demeure. Elle s’ouvrira devant vous et vous m’y trouverez préparée à savourer, avec vous, tous les plaisirs : c’est là que je vous veux attendre.

Le lendemain je me couvre de mes plus beaux vêtements puis, quand je me suis paré avec le soin de l’aigle pour ses plumes, je me mets en chemin. Je découvre sa maison ; une fois entré, je me trouve dans un jardin où un kiosque élevé était entouré d’eaux vives ; on se serait cru dans un coin du paradis, tant ce lieu faisait plaisir à voir. Dans ces ruisseaux se baignaient de jolies esclaves au corps de neige, qui semblaient autant de poissons d’argent.

Je m’avançai ainsi en admirant mille choses charmantes et me trouvai enfin en présence de ma dame, dans toute la plénitude de la jeunesse et de la beauté et cueillis, sur ses lèvres de rose, de doux baisers. Elle me demande si je désirais quelque chose et je l’assurai que tous mes vœux étaient comblés à sa vue.

Sur un signe d’elle qui équivalait à un ordre, on servit un souper préparé à l’avance, puis s’avancent de jeunes échansons aux joues de rose qui nous présentent des coupes pleines ; nous nous livrons au plaisir de boire la liqueur purpurine. Bientôt ma belle Dijhan prend un tambourin et nous nous livrons ensemble aux plaisirs de la musique et à ceux de la table.