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Il a pour mesure, lui dis-je, une main étendue et par la forme il ressemble à la bosse du chameau. D’ordinaire, il reste la tête en bas ; si, par moments, comme le bras d’un amputé, il se relève, c’est pour retomber bientôt. S’il suit parfois un large chemin, il est cependant aveugle et quoiqu’il ait une bouche mignonne, il est muet. S’il s’avance, c’est sans jambes : malgré tout cela, il réussit d’ordinaire à atteindre son but ; alors il porte la joie d’une âme dans l’autre, bien que parfois il fasse couler le sang ; dans sa colère, il prend la couleur de la prune sauvage. Le tronc appuyé sur un os, il a le corps du serpent ou semblable à un tuyau ; d’ordinaire on peut entourer sa taille en la saisissant entre le pouce et l’index. On le prendrait au toucher pour une solide corde. Ainsi il ne manque rien à sa description ; tu peux maintenant apprécier sa valeur, bien connue de l’homme, car j’ai terminé son portrait.

— Mon cher monsieur, me demande-t-elle alors, ce dont tu parles, est-ce chose malhonnête, animée ou inanimée, mangeable ou non ?

— Elle est désirée de tous et chacun de ceux qui la possèdent s’en fait gloire, enfin elle est plus douce à sucer que canne à sucre, plus agréable à mettre entre les lèvres qu’un bonbon du meilleur faiseur.

Elle sourit sous son voile et s’avance vers moi : — Si tu veux connaître le mot de l’énigme, lui dis-je, je te