Page:Töpffer - Voyages et aventures du docteur Festus, 1840.djvu/99

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que l’on jette au feu. Aussitôt Samuel Porret s’enfuit à tire de jambes, et l’âne se gardant de le suivre, s’en alla paisiblement au moulin, sans se soucier, paissant aux haies, et philosophant au soleil.

IX.

C’était le moulin de Claude Thiolier, dit Benaîton, sis sur la hauteur de Sarlinge, en vue de toute la campagne des Bresseaux, jusqu’à la rivière du Tour d’un côté, et jusqu’aux Monts des Rocailles de l’autre, si bien qu’il servait à savoir le vent à tous les hameaux de cette plaine qui contenait dix communes et vingt-huit paroisses. Les ailes étaient neuves, à tout vent, et si fortes et grandes, qu’au moindre souffle elles auraient moulu vingt coupes de froment à l’heure.

Claude Thiolier, qui fumait sa pipe devant son moulin, se leva et vint décharger l’âne du sac, qu’il prit sur son dos, le soutenant à deux mains derrière sa tête, et s’acheminant vers la porte du moulin le corps en avant. Et tout en regardant d’où soufflait le vent, il appela Gamaliel son garçon, et lui dit de tout préparer pour moudre le lendemain.