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encore les grosses branches pour en faire du bois, et quand le malheureux chêne n’offrit plus qu’un tronçon mutilé, ils prirent des aides, et l’ayant chargé sur le char, ils l’amenèrent à deux portées de fusil du village, devant la maison du sieur Taillandier. C’est ainsi que le docteur Festus continua son voyage d’instruction, en habit de maire, traîné par huit paires de bœufs de la race de Schwitz.

II.

Depuis le moment où, pour échapper au moulinet de Milord, il s’était réfugié dans le creux de cet arbre, il avait passé des momens délicieux, d’autres qui l’étaient moins. La retraite était profonde, mais bonne, et la vue charmante. Par le trou supérieur, que garnissait comme un riche et moelleux velours une mousse brillante, il voyait l’intérieur des branchages, le feuillage transparent, et au fond l’azur du ciel. Les oiseaux gazouillaient sous ce dôme de verdure, voletant, jouant, se croisant en tout sens, selon qu’ils allaient au nid ou qu’ils en partaient pour picorer dans la prairie d’alentour. Aussi le docteur, se livrant aux impressions qui le dominaient, se mit à classer l’arbre ;