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XII.

Cette idée lui donnant quelque force, il se leva et se mit à errer, livré à une mélancolie profonde, pendant laquelle il rédigeait mentalement un procès-verbal de toute force. Comme il passait devant la ferme de George Luçon, il se dépêcha de parapher mentalement son procès-verbal ; puis, se rappelant qu’il était abîmé de fatigue et de faim, il demanda abri et déjeuner. Sur quoi George Luçon qui était à traire sa vache devant l’étable, lui offrit de bon cœur son lait et sa fenière. Le maire but six pots de lait chaud, après quoi George Luçon le conduisit au fenil, tenant d’une main son seau de lait plus blanc que neige, et de l’autre lui montrant l’échelle. Le Maire y grimpa, et s’étant dépouillé des vêtemens de Milady, s’étendit dans le foin et s’endormit aussitôt.

C’est ce jour-là qu’il fit son grand rêve normal. Il fut ravi en extase dans une commune où il s’assit sur vingt-six volumes d’archives, constatant l’acquisition par ladite, de trois fontaines coulantes, vingt pieds de haie vive, et deux chemins vicinaux ; le tout par prescription ou saisie, tant sur le propriétaire que sur les hoirs. Pendant