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tremblante de bonne volonté, fit la charge en douze temps, reprit l’arme au bras, croisa baïonnette, et s’avança au pas de charge, fixant du coin de l’œil le terrible Maire qui continuait à montrer une extrême irritation ; jusqu’à ce que le chapeau étant tombé, la force armée se jeta contre terre et demanda quartier.

V.

Cependant, Milady dépouillée par le Maire errait en chemise dans le bois, et dans sa douleur elle se trouvait malheureuse d’être une Milady. Elle n’avait aperçu par les taillis que des charbonniers, auxquels elle n’avait osé confier le secret de sa misère, en sorte qu’elle fut sur le point de s’évanouir de joie, lorsqu’elle aperçut de loin un habit complet suspendu à un saule, vers le bord du grand canal. Elle accourut aussitôt pour s’en revêtir, et s’éloigna promptement avec l’intention de demander l’hospitalité dans la première maison qu’elle rencontrerait, et d’y attendre des vêtemens qu’elle ferait chercher.

La force armée suivit l’habit, et ils arrivèrent ainsi à la ferme de George Luçon, dit le Trèfle, qui leur offrit de bon cœur son fenil et son foin. Milady épuisée s’y étendit avec délices, après