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Milord, en éprouvait une extrême inquiétude. Au cinquième jour, ayant, eu un pressentiment, elle se décida à aller à sa rencontre sur le mulet que le docteur Festus avait laissé dans l’écurie. Elle dit donc à l’hôte de lui donner un fort picotin d’avoine, et de le tenir prêt pour le lendemain, vers six heures du matin.

Vers cinq heures, l’Hôte était dans la cuisine, épluchant une cuisse d’ail de Provence. Quand elle fut épluchée, il alla l’insérer proprement au coin d’où était sortie la mouche bovine, ayant éprouvé, durant une longue pratique, que ce procédé donnait aux bêtes chevalines un feu et une vigueur que l’avoine ne leur donnait certainement pas. Seulement, pour ne pas contester avec les préjugés des gens, il leur portait en compte l’avoine, comme tout autre hôte, ne voulant se particulariser en rien.

À six heures Milady enfourcha. L’Hôte tenait à deux mains le mulet, qui manifestait une étonnante disposition au saut et à la pétarade (défaut qu’il tenait de sa mère). À peine l’eût-il lâché, qu’il fit trente-six bonds, douze écarts et huit ruades, et l’Hôte cria à Milady : Ce n’est rien, bonne dame, c’est l’avoine qui le rend gai ; allez toujours, la bête ne veut pas vous rien faire ! Alors le mulet galopa pendant sept heures d’horloge, faisant quatre lieues à l’heure, jusqu’à ce que, arrivé à l’endroit où nous