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hommes armés, il prit la fuite, faisant trois lieues à l’heure, ce qui dura trois jours.

Ces deux hommes n’étaient autres que Blême et Rouget, cette force armée que nous avons laissée au moment où elle se défichait de l’estomac de Jean Baune, le repris de justice. Dès lors elle n’avait pas cessé de continuer sa marche indisciplinée, jusqu’à ce qu’ayant flairé l’habit, que le docteur Festus avait toujours sur son dos, elle s’était rapprochée instinctivement du plant de pois, d’où elle venait de débusquer le docteur.

Au troisième jour, le docteur Festus vint tomber dans la fosse du Maire, et bientôt après, la force armée. Le Maire, voyant que d’un seul coup il avait attrapé un administré et une force armée, passa d’une tristesse sombre à une extrême joie, mais ayant voulu faire un saut de joie, il tomba de son arbre, et roula dans sa propre fosse ; car il était peu heureux dans ses entreprises.

La première chose que fit le Maire, ce fut de sommer le docteur de lui rendre son habit. Celui-ci, qui se voyait pris dans un cul de basse-fosse, et cerné par trois individus qu’il jugeait devoir être des brigands de la bande de Jean Baune, se laissa dépouiller sans résistance, ne gardant que sa vie et sa chemise. Puis, pendant que le Maire se baissait pour mettre ses bottes, il lui posa le pied sur l’échine, et d’un bond s’élança hors de la fosse, en