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jeter leurs filets dans le même endroit. Au second coup, les filets amenèrent les trois perruques satellites, que les pêcheurs mirent aussitôt dans un panier à part, pour les porter au maire de leur village, et lui demander ce que ça pouvait bien valoir.

Le maire leur dit que c’étaient des bêtes d’eau salée, et qu’il y avait quelque chose à gagner ; mais il ne leur en offrit rien, les invitant à aller trouver Prévôt, l’écrivain public, lequel avait des connaissances dans la marine (désignant par-là l’Ichthyologie).

Prévôt, l’écrivain public, leur dit que c’étaient des fausses couches de baleine, leur assurant que ça ne vaut rien à manger, par rapport à ce que ça n’a pas eu son excroissance, et qu’on ne mange le veau qu’après huit mois. Du reste, pour trois sous qu’il leur fit payer, il leur écrivit une lettre pour Favras, le botaniste, qui demeurait à huit lieues de là.

Favras, le botaniste, leur dit que c’était une pulpe filamenteuse qui avait recouvert une noix du Micicispi, et leur en offrit deux écus patagons. Les pêcheurs firent la pache, et allèrent au cabaret, où ils s’enivrèrent, pour avoir eu trop d’argent sur eux ; en sorte que le soir, s’en retournant, ils tombèrent dans un puits, et périrent d’eau et de vin.