Page:Töpffer - Voyages et aventures du docteur Festus, 1840.djvu/186

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion



un chat ; chaque chose à sa place et puis ça va ; avec de l’eau on ne fait pas du vin rouge, et Chaperon se noya qui voulut faire un bateau de sa cuve, comme vous savez tous. Je vois un moyen : entrons-le de long ; m’est avis qu’il passera. Je parierais qu’il passera.

Mais Prélaz, qui en voulait à Pienaud par rapport à sa rigole dont il lui avait détourné partie, avec permission du Maire qui était son cousin, se prit à dire : Moi je parie que non ; il n’y a qu’un moyen : c’est d’abattre six toises de mur, et vous verrez s’il ne passe pas. N’écoutez pas Renaud, il n’a plus la tête, témoin sa vache.

Renaud fut atterré par ce dernier mot, qui lui donna décidément du dessous dans le Conseil municipal. En effet, quelques mois auparavant, voyant l’herbe qui avait crû sur son toit, il s’était dit : Faut que j’y monte ma vache. Trois jours après il mit une corde au cou de sa bête, et se faisant aider de Joseph son neveu, et de Perrache son filleul, ils hissèrent la vache sur le toit. Et voyant qu’elle tirait la langue, crurent que c’était de faim et appétit herbivore, et hissaient toujours plus fort, si bien que la bête arriva morte au faîte. C’est ce malheur que l’autre rappelait méchamment, par rapport à sa rigole. Aussi tout le Conseil municipal vota contre Renaud, et se rendant sur les lieux, ils firent abattre