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digieuse, et c’est celui qui se voit encore dans l’église cathédrale du bourg d’Asnières, où ils en ont fait leur maître-autel. D’où est venu leur surnom de gobe-la-lune, parce qu’ils regardent toujours au ciel s’il leur vient des maîtres-autels.

Du reste, le docteur Festus n’avait jamais éprouvé un bien-être aussi grand. En même temps que son corps s’allongeait, sa pensée s’agrandissait en s’épurant, et devenait comme un miroir pur où se réfléchissait la splendeur de la création. Ces sensations célestes le confirmaient toujours plus dans l’idée que, endormi dans l’auberge du Liond’Or, il poursuivait le cours de son grand rêve, tout en s’élevant aux sommités d’une science surhumaine.

II.

Cependant l’astronome Guignard, qui habitait en Rondeterre (c’est un grand royaume insulaire au nord du Ginvernais), ayant mis l’œil au bout de son télescope, qui se trouvait être par hasard braqué sur le docteur Festus, crut apercevoir à l’autre bout un corps quelconque. Il pensa d’abord que c’était un mus œconomus qui s’était logé entre les lentilles de l’instrument, qu’il fit nettoyer à fond, et garnir de mort-aux-rats et de souricières. Il crut