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percé de deux coups de baïonnettes, dont l’un, transperçant les entrailles, lui fit pousser un horrible cri ; tandis que l’autre, traversant l’oreillette gauche, éteignait et le cri et la vie. Cet homme était Jean Baune, le repris de justice, l’assassin de Lantara, caporal de confiance en Vireloup, brigand en Ginvernais, où il allait en congé dévaliser les passans.

Les auteurs de ce beau coup, étaient Blême et Rouget, cette force armée que nous avons laissée au sommet des airs, à la poursuite du docteur Festus, et gardant sous l’influence de l’habit une exacte discipline. Après avoir pirouetté pendant dix jours, sans rencontrer personne qu’un mouton (j’entends un mouton enlevé par un aigle), ils avaient commencé à paraboler vers la terre, en pivotant la tête en bas, à cause du poids des armes ; puis, avec une impétuosité qui tenait plus de la gravitation que de la vaillance, ils s’étaient venu ficher dans l’impie poitrine d’un lâche scélérat. Après quoi ils se défichèrent, et reprirent leur route à travers champs sans aucune discipline. L’habit était trop loin.

Au cri de mort qu’avait exhalé Jean Baune, les quatre soldats, certains d’être tombés dans une affreuse embuscade, s’étaient enfuis à toutes jambes, en déchargeant leurs armes au hasard ; d’où ils tuèrent huit poules dans la basse-cour du sieur