Page:Töpffer - Voyages et aventures du docteur Festus, 1840.djvu/127

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un grand embarras, car, d’une part, les tribunaux tout neufs étaient impatiens de juger et de pendre ; mais, d’autre part, elle manquait pour son propre compte des preuves et documens qui lui étaient nécessaires pour confectionner la procédure. Or, en Vireloup, si les tribunaux ne pendent jamais sans procédure, les commissions de leur côté répugnent à conclure sans preuves.

Mais, sur un examen plus attentif du carnet, la commission n’avait pas tardé à reconnaître qu’elle tenait le fil de toute l’affaire, et les noms des principaux conjurés : c’étaient l’hôte du Lion-d’Or, Roset, Frelay, Julien le borgne, Joseph Pralin, et tous ceux avec qui Milady avait eu des comptes.

Elle passa ensuite à l’état des sommes reçues, montant à vingt-cinq mille croquelus (argent de Vireloup). Elle fit traduire la note qu’avait écrite Milord sur la route, note qui fixait un rendez-vous prochain ; par où elle calcula la date du jour où devait éclater la conspiration. Enfin, arrivant à dix pages consécutives remplies de chiffres (c’étaient les notes de la blanchisseuse), il ne lui restait plus qu’à trouver la clé de cette correspondance secrète. Ce travail fait, elle arriva à des révélations immenses, décisives, effroyables et propres à glacer de terreur tous les bons citoyens.