Milady restée sur la route, évanouie, et le carnet à la main, fut rencontrée par Jaques Liodet qui ramenait son char du marché d’Ambresailles. Liodet, qui était bon homme, en prit pitié, et la chargea sur son chariot, bien fourni de paille fraîche ; puis, sans songer à mal, il arriva à cette même douane du Royaume de Vireloup, si fatale au Maire, disant n’avoir rien à déclarer.
Les douaniers piquèrent au travers de la paille, et la pointe atteignant Milady un peu au-dessous des dernières vertèbres lombaires, elle poussa un grand cri ; sur quoi, on arrêta provisoirement Jaques Liodet, comme suspect, et on confisqua l’attelage, comme servant à des transports suspects : puis l’on se mit à chercher ce qui était dedans. Alors Milady fut arrêtée comme ayant voulu s’introduire dans le royaume de Vireloup, sans passeport et cachée dans de la paille ; cas prévu par l’article 8 du règlement de police. On saisit son sac, son carnet, et elle fut livrée entre les mains d’un gendarme, qui, lui ayant mis les poucettes royales, la conduisit à la prison royale de Balabran, où elle fut écrouée sous le n° 36.