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forçait les parois ; aussitôt le docteur Festus en tira un présage, selon la pratique des anciens dans laquelle il était très-versé.

En effet, le docteur Festus savait tout ce qui s’apprend au moyen des livres, qu’il lisait dans vingt-deux langues, à l’instar de Pic de la Mirandole. Il ne lui manquait donc plus, pour mourir parfaitement savant, que d’avoir vu le monde, et c’est ce qui le porta à entreprendre son grand voyage d’instruction.

Ce projet datait de treize mois, et le docteur serait parti immédiatement après l’avoir formé, sans un doute qui le prit au sujet de l’âne et du cheval, à savoir lequel lui était préférable à enfourcher pour courir le monde : car il craignait la voiture, en ce qu’elle est sans emploi pour passer les rivières ; et le bateau, en ce qu’il est le plus mauvais véhicule connu, en terre ferme.

Le cheval le tentait, soit parce qu’il avait lu l’article de Pline, soit parce qu’il possédait dans son écurie une haute jument poulinière ; d’autre part, l’âne l’attirait, soit que cet animal lui parut plus philosophique, soit encore parce qu’il avait dans son écurie un magnifique âne de Provence. Toutefois, dans l’un et dans l’autre il redoutait la fougue des passions, le manque d’usage et le dérangement des mœurs. Il resta donc en état de doute pendant treize mois, au bout desquels, étant