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En effet, le vent ayant excessivement fraîchi, et rencontrant au bout des ailes une surface qui lui donnait plus de prise, il en était résulté une vitesse telle, que les ailes n’étaient déjà plus visibles pour un observateur placé en face. C’est ce qui fit que les huit cochons d’Irlande, venant sans crainte paître l’herbe qui avait crû dessous, furent très-surpris de se trouver lancés par une courbe parabolique jusqu’au pays de Ginvernais, où ils tombèrent, au bout de trois semaines, dans des filets de pêcheurs qui séchaient au bord du lac d’Eaubelle, appelé depuis le lac des cochons, au grand déplaisir des poètes du pays. C’est là qu’ils furent recueillis au nombre de vingt-huit, car les femelles avaient mis bas durant la traversée. De ce jour date l’introduction du cochon rouge d’Irlande en Ginvernais, où ils se sont tellement multipliés que les races bovine et moutonnière y ont dépéri, faute d’espace. D’où résulte que ceux du Ginvernais, pour manger trop de saucisses, ont le sang échauffé et le visage pustulent, battant leurs femmes, et crevant de colère avant l’âge.

VI.

Le vent fraîchit encore de telle sorte, que les ailes faisaient déjà six cent quarante-trois tours par