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Il craignit alors d’être tombé dans un idéalisme blâmable, et rebroussa avec une telle vigueur, qu’il tomba dans un matérialisme complet, voyant sa propre âme comme une bouillie, ses idées sous la forme de noyaux de pêche, et la morale comme une idéalité creuse, semblable à une bulle de savon. Il craignit alors d’avoir trop dépassé le sensualisme, et rebroussant de nouveau vers un éclectisme raisonnable, il s’arrêta à l’idée qu’il n’était ni chez lui, ni dans le comble d’un moulin à vent, mais toujours dans l’auberge du Lion-d’Or, où il rêvait sagement dans son lit, en attendant l’aurore aux doigts de rose. Puis, revenant à la morale, il comprit que, même dans un rêve, elle lui ordonnait de veiller à sa propre conservation, et de s’échapper au plus tôt d’un moulin où il était pris pour le diable. Sur quoi, il souleva quelques tuiles et mit le nez à l’air, juste au moment où le soleil mettait le nez sur l’horizon. Faute d’échelle, il se décida à descendre dans la campagne, le long de l’aile du moulin à laquelle il vint s’accrocher.

IV.

Nous avons laissé la force armée marchant sans ordre parmi les seigles, et recevant des carottes