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la meunière tombait sur le nez, et se cassait trois dents, dont deux incisives et une œillère.

C’est dans ce moment même que le docteur Festus vit, du côté de Porelières, le meunier qui débouchait avec trois cent trente-deux paysans, poussant droit au moulin. Soit que ce fut un rêve, une réalité, ou seulement une illusion, il sortit promptement du sac, et, enjambant la meunière, il entra dans le moulin. Là, grimpant de tas en tas et de poutre en poutre, il se vint cacher dans le comble, où il reprit aussitôt la réforme du calendrier grégorien.

Le village arrivant tout essoufflé, voulait qu’on lui montrât le diable, et vite, pour en finir ; et disait à Claude Thiolier, dit Benaiton : Montre-le, où est-il ? Sur quoi celui-ci, voyant le sac ouvert et du blé épars, dit à sa femme : Dis-le, toi. Anne Thiolier lui répondit : Le diable ? es-tu fou ? Le diable n’y est pas. Alors Gamaliel sortant de dessous son van : Oui qu’il y est ! je vous dis qu’il y est, là dans le sac ! je l’ai vu ! Alors ceux du village, ayant vidé le sac, et n’apercevant point de diable, s’en prirent à Claude Thiolier et à son garçon, et les cognèrent de leur fourche contre la muraille, comme poltrons et couards, ayant peur de leur ombre, prenant les sacs pour démons, et le blé pour charbons d’enfer ; ajoutant qu’ils devaient prendre la quenouille, et laisser à la meu-