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qui les porte à tout sacrifier à leurs passions particulières, si l’occasion s’en présente. Cette cause me paraît avoir le plus contribué aux maux qui pèsent sur l’humanité, en ce que, par la raison que je viens d’indiquer, les institutions publiques qui, dans leur origine, n’avaient d’autre objet que le bien de tous, n’ont servi le plus souvent qu’à assurer celui d’un petit nombre, au préjudice ou au détriment de la majorité, pour l’intérêt de laquelle, cependant, ces mêmes institutions avaient été créées.

En effet, il est maintenant reconnu que, dans tout pays civilisé, des lois ayant été nécessaires pour la conservation de l’ordre établi, et ces lois ayant exigé l’institution d’autorités protectrices, munies de moyens pour assurer et surveiller leur exécution, il est reconnu, dis-je, que le bien de la société entière dut être le but unique de l’institution dont il s’agit. Si donc une institution si salutaire, dans son principe, manque ce but ; si, dans ses effets, l’influence de l’arbitraire se fait trop souvent ressentir, à quoi faut-il l’attribuer, si ce n’est à la cause même que je viens de citer ? Sans cette cause toujours agissante, sans les penchans que l’homme a reçus de la nature, parmi lesquels le plus remarquable est sans contredit celui qui le porte à dominer, à ne considérer