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combien nos raisonnemens, de tout genre, ne doivent‑ils pas l'être, ces raisonnemens n'étant comme l'on sait, que des suites de conséquences ! Enfin, quoique les premières de celles‑ci soient tirées des faits, même de ceux bien observés, qui ne sait qu'entre ces faits considérés et les conséquences que l'on en tire, il y a presque toujours une hypothèse interposée et en quelque sorte cachée‑? Il est donc évident que l'on peut réellement compter sur les faits bien constatés, tandis qu'on ne le peut pas toujours sur les conséquences qu'on en tire.

Le jugement étant la plus importante des facultés de l’homme, puisque c'est celle qui peut l'amener à reconnaître ce que les choses sont réellement, qui peut l'empêcher d'être dupe de l'erreur, en un mot, qui peut lui donner la dignité à laquelle il est le seul être qui puisse parvenir ; et cette faculté si avantageuse, obtenant d'autant plus de rectitude et d'autant plus d'étendue et de solidité qu'elle est plus exercée et que les sujets de ses actes sont plus variés ; l'homme, dis‑je, devrait donc sentir qu'il a le plus grand intérêt à l'exercer, à l'étendre, en un mot, à la perfectionner en variant les sujets de ses jugemens. Or, ce n'est point juger lorsqu'on s'en rapporte aux autres, aux autorités mêmes. Il faudrait que chacun s'efforçât