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ailleurs, que les résultats de toute opération mathématique nous donnent des connaissances de cet ordre ; car chaque résultat, simple ou compliqué, est toujours un fait, et ne dépend jamais de nos raisonnemens. Les règles, les méthodes, les formules, en un mot, les moyens qui nous font parvenir à la connaissance de ce fait, sont seuls des produits de l'art et du génie.

Les jugemens de raison n'emploient que des idées complexes, et sont, en cela même, d'un ordre bien différent de celui auquel appartiennent les jugemens de faits. Quoique s'appuyant sur des faits connus, ils ne sont pas le produit de l'observation, mais celui de notre manière de voir, de juger, de raisonner ; manière qui est tout-à-fait dépendante de nos idées et de, nos connaissances acquises, ainsi que de nos préventions, nos sentimens, nos penchans et nos passions.

Toutes nos idées s'enchaînent plus ou moins ; toutes concourent de même à la plus ou moins grande rectitude de nos jugemens ; aussi avons-nous dit ci-dessus, que notre faculté de juger s'étend, s'accroît et se perfectionne en nous, à mesure que nous l'exerçons davantage, et que, variant et multipliant nos idées, nous les rectifions successivement l'une par l'autre, ainsi que les jugemens qui nous les ont fait obtenir.