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la faculté de sentir, ou au moins toute connaissance pendant la durée de cet état.

Ne sait-on pas que toute cause propre à produire une sensation se trouve à peu près sans effet, si elle agit lorsqu’une sensation plus forte s’exécute ; qu’une grande douleur fait en quelque sorte disparaître une autre plus faible‑? Ne sait-on pas encore que lorsqu’on éprouve inopinément une grande frayeur, à l’instant, presque toutes les facultés sont suspendues ; que dès que l’on se trouve dans quelque danger, ou qu’une cause quelconque impose fortement, l’on perd souvent une grande partie de la présence d’esprit ; qu’enfin, lorsqu’un événement inattendu nous cause, soit une douleur extrême ou subite, soit une joie excessive, nous sommes singulièrement troublés dans les premiers instans‑? Or, ces différens faits auraient-ils lieu, si, dans les circonstances citées, le sentiment intérieur, fortement agité, ne se trouvait hors d’état d’exécuter ses fonctions ordinaires, et si, pendant cette agitation notre présence d’esprit ne se trouvait elle-même suspendue par l’interruption de ses relations avec ce sentiment‑?

Qu’est-ce donc que la présence d’esprit, si ce n’est l’exécution libre des actes de la pensée, jointe à la communication, pareillement libre, de