Page:Système analytique des connaissances positives de l’homme, restreintes à celles qui proviennent directement ou indirectement de l’observation.djvu/271

Cette page n’a pas encore été corrigée

celles des degrés supérieurs ne résultent que de la combinaison de plusieurs idées elles-mêmes complexes. Ainsi, les idées dont il s’agit, sont chacune le produit d’une opération intellectuelle qu’on nomme jugement ; et quoique ce jugement soit un rapport découvert entre les idées qui y furent employées, il est très-exposé à manquer de solidité ou de justesse, relativement au sujet que l’on s’est proposé de juger. Enfin, les idées complexes n’offrant qu’un mélange de traits de différentes idées réunies, l’image compliquée qui en résulte, rappelle difficilement les idées particulières qui formèrent ces idées complexes, et n’est saisie et ne se fixe qu’à l’aide d’une attention très-profonde. Mais, pour le vulgaire, les idées complexes ne sont rappelées à l’esprit qu’au moyen des noms qu’on leur a consacrés, que par des mots qu’on s’habitue à prononcer, à entendre, et qui, écrits ou imprimés, en obtiennent une forme physique ou des traits qui, par la sensation, peuvent être tracés dans l’organe. C’est ainsi que le mot nature nous est très-familier ; nous nous attachons moins à nous rendre raison de l’idée très-complexe qu’il exprime, qu’au mot lui-même dont nous nous contentons : il en est bien d’autres qui sont entièrement dans le même cas.