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pour tout ce qui nous sert, nous ressemble moralement, et partage nos goûts, source de l’amitié : ces divers produits sont du ressort de l’instinct.

Par le sentiment intérieur et la pensée libre, c’est-à-dire, la pensée que la raison ne contraint à aucune mesure, l’intérêt personnel, selon les circonstances, donne lieu, soit à deux sentimens désordonnés, tels que l’amour-propre illimité et l’égoïsme, soit à une force d’action sans limites.

En effet, le premier de ces sentimens nous porte à être satisfaits de nos qualités personnelles, et à nous inspirer une opinion avantageuse de notre propre mérite. Tout le monde sait que, parmi les produits de ce sentiment, il faut compter celui qui fait que nous ne sommes jamais mécontens de notre esprit, de notre jugement, de notre intelligence ; que nous prétendons poser la limite des connaissances où l’on peut parvenir, d’après celle que notre degré d’intelligence et nos connaissances propres tracent pour nous ; enfin, que nous ne cherchons dans les ouvrages des autres que nos opinions ou ce qui les flatte. Parmi ces produits excessifs, on sait encore qu’il faut compter aussi la vanité, l’ostentation la suffisance, l’orgueil, en un mot, l’envie envers ceux qu’un vrai mérite distingue.