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sont tout-à-fait contraires ; ces derniers, en effet, ne tendent qu’à partager et conserver entre eux la portion de liberté dont la loi ne les prive pas ; ils l’accroissent même lorsqu’ils en trouvent la possibilité. Le penchant à l’indépendance est si général parmi les êtres sensibles, que tous ceux des animaux qui jouissent du sentiment conservent cette indépendance tant qu’ils le peuvent, et que, parmi ceux qui la perdent, en tombant au pouvoir de l’homme, on en voit beaucoup qui périssent de tristesse ; en sorte que si l’homme réussit souvent à en conserver en captivité, c’est presque toujours parce qu’il les prend dans leur grande jeunesse. De même, s’il est parvenu à réduire certaines de leurs races à l’état de domesticité, pour son usage, c’est sans doute à l’aide de beaucoup d’art, s’étant d’abord emparé des individus dans leur jeunesse, les ayant bien traités, et peu à peu leur ayant donné l’habitude de ne vivre que par ses secours, et par là, les dispensant de pourvoir eux-mêmes sans cesse à leurs besoins.

Relativement au penchant qui porte tout être sensible à se préférer en tout à tout autre, il est aussi général pour ceux qui jouissent du sentiment de leur existence ; et si on le considère dans l’homme, il y constitue ce qu’on nomme l’intérêt