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Freycinet, appelé à former un nouveau ministère, s’adressa nécessairement à M. Jules Ferry. Celui-ci, jaloux de finir son œuvre réformatrice, reprit le portefeuille de l’instruction publique.

Le style, c’est l’homme, a dit Buffon ; le mot ne s’applique pas aux seuls écrivains, il est juste également pour les orateurs. Le style, c’est la forme des phrases, l’enchaînement des idées, l’allure générale de la pensée et le caractère personnel que les hommes doués impriment à ce qu’ils disent comme à ce qu’ils écrivent. Écoutez parler M. Jules Ferry, étudiez-le ; vous reconnaîtrez vite l’homme que j’ai décrit. L’art n’est pour lui qu’un moyen de faire valoir sa thèse ; ce qui lui importe, c’est le but qu’il vise. Il n’est pas de ceux qui se consolent d’un échec politique par un succès oratoire. La parole doit créer la conviction ; c’est son opinion et c’est sa méthode. Il ne cherche pas à surprendre par des effets, en passant du ton familier au ton sublime, encore moins en faisant miroiter des illusions devant l’esprit de ses auditeurs et en les conduisant, par des sentiers fleuris, jusqu’à des pièges ; on sait toujours où il veut mener ceux qui l’écoutent, et il les mène à son but en