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expressif, original et hardi entre tous. Quant à la famille Ferry, elle habite Saint-Dié depuis un temps immémorial ; on trouve plusieurs Ferry de la branche à laquelle appartient M. Jules Ferry parmi les échevins de cette ville dans le cours du xviie siècle ; son grand-père exerça les fonctions de maire pendant la Révolution et sous l’Empire.

Le père de M. Jules Ferry était avocat ; il se trouva veuf de bonne heure avec deux fils, Jules et Charles ; sa santé était mauvaise ; sa fortune lui permettait de se consacrer à l’éducation de ses enfants, il n’hésita pas. Quand l’enseignement du collège de Saint-Dié lui parut insuffisant, il conduisit ses fils au lycée de Strasbourg. M. Jules Ferry a gardé un souvenir profond de son passage dans la grande cité alsacienne. Il n’aime pas l’Alsace seulement, comme tout Français doit l’aimer, avec une sorte de douloureuse amertume, avec le souvenir d’une humiliation imméritée ; il éprouve pour elle un sentiment plus tendre, presque filial ; tant de liens l’y rattachent par le cœur, les souvenirs d’enfance, les premiers succès dans la vie, un grand nombre d’amitiés qu’il a retrouvées toujours fidèles ; enfin son alliance avec une des familles