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En préparant ses lignes

Seule l’impatience du pêcheur qui se prépare à pêcher pourra jamais se comparer à la patience proverbiale du pêcheur pêchant.

Mais alors que cette solide patience est sujette à combien de cruelles vicissitudes, des illusions quiètes, qu’il ferait si bon soustraire à l’implacable épreuve des réalités, tempèrent la fièvre d’un départ prochain.

Au milieu de ses occupations les plus absorbantes, et alors que lacs et rivières dorment encore sous les glaces, le disciple d’Isaac Walton se prend à songer aux plaisirs d’une saison que les lois, le climat, le métier, conspirent à faire si courte.

Les années même ne font qu’enfoncer plus avant au cœur l’innocente passion qui le possède. Viennent le soleil de mars, les dégels d’avril, les premiers bourgeons de mai, autant d’étapes impatiemment courues vers la réalisation du rêve. Un