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LE BON SILENCE

me pour une étreinte, de pauvres bras morts dépouillés de leur peau.

Au large, des feuilles de bouleau, détachées par la dernière rafale, flottent tristement enroulées sur elles-mêmes dans un dernier spasme.

L’eau est si limpide, que l’on distingue, se profilant sur le fond indécis, un petit poisson immobile qui, avec son bec rond, placidement fait des bulles. Mais ce qui domine, ce qui baigne et sature tout entier le paysage, les êtres, les choses, c’est encore et toujours la paix sereine qui, partout, s’épand à loisir.

Les yeux fermés, vous entendez battre votre cœur, respirer vos poumons, palpiter votre âme, alors qu’une demi-conscience calme et lucide vous fait goûter pleinement les seules grandes joies de vivre et de penser tout-bas.

Recueillez-vous, écoutez !

Écoutez longtemps, sous le ciel bleu, au bord du lac paisible, écoutez murmurer, douce et égale, la voix du bon silence. Elle vous confiera des secrets que nulle autre ne saurait dire.

Lac Marchildon.