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LE BON SILENCE

Aussi, le besoin d’une réaction nécessaire se fait inconsciemment sentir, et on voit grossir le nombre des citadins en pèlerinage dans la forêt, ce sanctuaire encore inviolé où règne le bon silence.

Nous sommes au camp.

C’est le soir, c’est la nuit, une nuit véritable que ne déflorent pas les constellations des réverbères blafards, ces caricatures de soleil.

Par la fenêtre ouverte, l’air frais des bois, tout imprégné de douce quiétude, entre, parfume, fait se dilater votre poitrine et rafraîchit vos poumons avides. Le calme est si profond que vos oreilles en bourdonnent d’émoi. Et sans bouger, de crainte que le charme ne se rompe, vous goûtez l’extase d’un sommeil qui, sans heurts, sans à-coups, vous dispense l’ivresse exquise de son doux apaisement.

Et ce repos est si riche, la détente si complète, que quelques heures vous suffisent, alors qu’à la ville, après une nuit beaucoup plus longue mais entre-coupée de demi-réveils, vous vous levez las et inassouvi.