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illustres. Il peut soutenir la comparaison. Le lecteur est prévenu de l’originalité, de la familiarité qu’il trouvera, de la hardiesse aussi. Toute pensée humaine qui s’affirme est une insurrection latente contre une orthodoxie. La pieuse madame Swetchine elle-même, quand elle marivaude sur sa foi, la rend hérétique, et je trouve que c’est une pensée sacrilège, par exemple, de dire des miracles : « Ce sont les coups d’État de Dieu. » Si Dieu fait des coups d’État, il viole sa Constitution.

Lamartine a dit, dans un beau vers :


Marcher seul affranchit ; penser seul divinise !


Se diviniser, c’est coudoyer les dieux en place.

Il est un autre reproche qu’on peut faire aux pensées les plus neuves : c’est qu’elles ont parfois des airs de parenté avec