Page:Sybel - Histoire de l’Europe pendant la Révolution française 2.djvu/87

Cette page n’a pas encore été corrigée

PROCÈS DE LOUIS XVI. 83

plus fort, et par quel vote on obtiendrait le plus de sécurité ou d’influence; de la solution de ces questions dépendait le dénoûment de cette grande tragédie. L’aspect de Paris était décourageant et inquiétant pour tous les partis chacun sentait que l’avenir présentait des dangers de tout genre. Dans cet état de choses, les classes moyennes se renfermaient dans une muette résignation, ou montraient une sympathie toujours plus marquée pour les royales victimes captives au Temple. Les républicains ressentaient le changement qui s’opérait ainsi dans le sentiment public ils se voyaient évités, repoussés, méprisés. Dans quelques sections; la majorité se déplaça des allusions royalistes étaient applaudies dans les théâtres, et la Marseillaise était parfois interrompue par la romance du roi Richard (1). Les démocrates voyaient tout cela avec une fureur toujours plus grande et s’encourageaient par de bruyantes démonstrations. Marat, qui avait depuis longtemps compris les sentiments de la majorité, tant dans le peuple qu’à la Convention, dépeignait la situation avec une cynique vérité <: L’unique moyen d’obtenir le triomphe de la justice, s’écriait-il, est de forcer les traîtres à rentrer dans le devoir. Les misérables qui siègent à la Convention ne resteront dans le droit chemin que si la crainte de la vengeance du peuple les y maintient. Quand l’ex-roi sera décapité et Roland renversé, alors seulement commencera le règne de l’égalité. Bons mais faibles patriotes, rassemblez-vous autour de moi (2). » Et les patriotes, et surtout les autorités municipales, continuèrent à marcher en avant.

Pour s’assurer l’assistance de la force armée, ils réussirent par leurs vexations à faire quitter à la bourgeoisie le service de la garde nationale, et mirent à sa place des gens avides de désordre et de pillage, venus de tous les coins de la France (3). Les comités de police des sections procédèrent à de nombreuses arrestations, comme en septembre; les Jacobins déclarèrent qu’ils ne laisseraient pas le champ libre avant d’avoir livré un combat à outrance; une section se proclama en état d’insurrection permanente, ainsi que cela avait déjà eu (1) 7MM/M<MM Paris; 29 décembre, 5 janvier.

(2) JoM)’na~ de la République française, 13 décembre

(3) Rapport de la Commune à la Convention nationale~ $ janvier.