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PROCÈS DE LOUIS XVI. 79 ’nf~r.n~t~ ,1~ ~.< J’~–tJC-.

gne s’indigna de l’attendrissement de plusieurs députés (1); mais il ne s’agissait plus de vérités ni de sentiments, il ne s’agissait que de force et de lutte. Lanjuinais qui, sans appartenir à la fraction des Girondins, continuait, avec un calme courage, à braver les fureurs des Parisiens, demanda encore une fois que les membres de la Convention renonçassent au titre de juges, et n’appuyassent leur décision que sur des motifs de sûreté générale. Cent fois la Montagne avait fait la même demande dans le but d’abréger la procédure; mais, alors, elle craignit d’effrayer les consciences timorées par un tel aveu de l’illégalité de sa conduite, et elle rejeta avec colère la proposition de Lanjuinais. Elle ne voulait pas abdiquer le droit formel de violer la légalité, et d’ordonner non-seulement le meurtre, mais le meurtre légal du roi. Après une scène de reproches, d’accusations, d’injures, de violences réciproques, et au milieu du tumulte incessant des tribunes, la fatigue fit terminer la lutte par un ajournement de la question, sans que rien eût été décidé.

Le 27, la grande discussion sur le jugement commença enfin. Ici, non-seulement la vie du roi, mais le sort de la Révolution et celui de l’Europe se trouvaient en question. Par suite de la complication des événements, il était évident pour chacun que la mort de Louis assurerait le triomphe du parti qui poursuivait sa route sans nul souci de la paix extérieure et de la liberté intérieure. Tous les autres, sans exception, avaient participé pour un temps aux intrigues de ce parti, mais tous.àunmomentdonné, avaient senti leur conscience s’émouvoir, et maintenant tous reculaient effrayés devant l’acte sanguinaire qui résumait à leurs yeux toutes les horreurs de la Révolution. Aussi les démagogues parisiens ne marchaient-ils en avant avec une ardeur si sauvage, que parce qu’ils comprenaient que tous ceux qu’ils parviendraient à entraîner à leur suite en cette circonstance seraient à jamais soumis à leur autorité et séparés du reste du monde. Saint-Just, qui ouvrit la discussion, aborda sur-le-champ la question qui tenait tous les esprits dans l’anxiété depuis la résolution prise par la Gironde, la question de l’appel au peuple. La raison pour laquelle il le rejeta mérite d’être (1) Rtifo~. de ParM, 29 décembre.