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?n COMMENCEMENT DE LA GUERRE ANGLO-FRANÇAISE.

fit, avec une inlention marquée, allusion à la guerre et à l’étranger. «Craignez-vous les rois? s’écria-t-il; ce serait un beau moyen de les vaincre que de trembler devant eux! et pense-t-on jeter le trouble dans la coalition en épargnant son complice? Quoi! les peuples qui ont applaudi jadis à la Déclaration des Droits de l’homme reculeraient devant le châtiment de leur plus mortel ennemi, au lieu d’en éprouver un redoublement d’enthousiasme !< »

Ces paroles s’accordaient entièrement avec les vœux de la majorité, qui, ainsi que nous le savons, désirait alors plus ardemment que jamais le bouleversement de l’Europe. Aussi la Convention, après une délibération tumultueuse, rendit-elle, presque à l’unanimité, un décret par lequel elle adoptait les conclusions de Mailhe, mettait le roi en accusation, et prenait sur elle-même la responsabilité du jugement. « Louis doit être jugé, disait ce décret, et il doit l’être par la Convention. s Deux jours plus tard, on régla les formes du procès. Il fut décidé qu’une commission de vingt et un membres présenterait l’acte d’accusation, que Louis serait ensuite entendu, et que le jugement serait rendu immédiatement. Après avoir ainsi témoigné de son zèle révolutionnaire, la Convention se trouva plus libre pour rejeter les exigences des communistes, et, loin d’augmenter la rigueur des lois de septembre sur les subsistances et le commerce, elle les abolit et proclama la liberté des transactions. Les Jacobins s’émurent peu de cette décision; ils ne doutaient pas que leur triomphe dans le procès du roi ne leur donnât bientôt le pouvoir d’exercer leur despotisme sur les questions économiques.

Leurs adversaires en étaient à peu près aussi convaincus qu’eux-mêmes. La Gironde commençait à envisager le sort de Louis XVI sous un tout autre aspect. Depuis qu’elle avait pris la place du roi, elle comprenait quelles forces elle avait déchaînées contre lui, et elle comprenait aussi quelles conséquences un nouveau triopiphe du parti de septembre aurait pour elle et pour la France. Il était clair enfin pour les Girondins, comme pour leurs ennemis et pour les’divers partis en général, que le sort du roi captif qui se trouvait sans défense entre leurs mains déciderait en même temps de leur destinée. Ju&que-là, la Gironde ne s’en était pas