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BRUXELLES.–FRANCFORT.–LONDRES. 49

DESYBEL. II. 4

Les grands personnages ne voulaient pas plus faire de l’Angleterre une république sociale qu’une province française, mais ils ne se faisaient aucun scrupule de proclamer leur sympathie pour la France, afin de s’en faire une arme de politique libérale et d’opposition sérieuse contre les ministres. Lebrun, tout en les méprisant en secret (1), s’en servait comme d’instruments; mais il se félicitait d’avoir d’autres alliés plus énergiques. H s’était formé à Londres pmsieursclubs démocratiques, lesquels avaient de nombreuses ramifications dans toutes les grandes villes; ces clubs entretenaient alors dans le public une bruyante agitation en faveur des réformes parlementaires et du suffrage universel ils avaient de nombreux partisans parmi les basses classes, et jouissaient même d’une certaine considération chez la partie libérale de la classe moyenne. Celle-ci, sans doute, ignorait leurs menées secrètes; elle ne savait pas que les chefs des clubs étaient en relations continuelles avec le gouvernement français, et que le but qu’ils poursuivaient était l’établissement de la république en Angleterre. Tandis que sur toutes les places de Londres on proposait des pétitions pour un bill de réforme, et que des meetings libéraux demandaient qu’on affermît la constitution par des progrès dans le sens libéral, les agents de Lebrun forgcaient des plans d’émeutes, délivraient des mousquets, de la poudre et de l’argent, et enrôlaient un nombre considérable de vagabonds, dans le but de tenter un coup de main sur la Tour de Londres, dont l’arsenal devait fournir aux démocrates les armes, et, par là même, la possession de la capitale. Ces agents étaient, pour la plupart, d’anciens compagnons ou de nouveaux amis de Danton, des diplomates de second ordre, tels que Noël et Benoît, des protégés de Lebrun, comme l’Amé~ricain Serre, l’Irlandais Ferris, et l’ancien collaborateur dc;C)avière, le Génevois Duroverai. Les rapports de ces hommes (2) montrent, comme toujours en pareil cas, que la haine et l’envie régnaient dans leur propre camp; mais, plus l’automne approchait, plus leur confiance était unanime quant au succès de leur entreprise. Au commencement de novembre déjà, Lebrun tenait (~ C’est dans ce sens que Kersaint parle ouvertement de Fox a la Convention le 3 janvtcr.

(2) Papiers du Comité de Salut public, et protocote: du conseil des ministres.