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LUTTES UË PARTIS ENTRE LES JACOBINS. 505 ,t" a"

colossales masses de troupes se présentaient au peuple entourés d’une auréole de gloire, il succomberait bientôt lui-même, étouffé sous le poids de la malédiction publique il était évident pour lui que l’épée du héros militaire renverserait promptement la tyrannie du tribun du peuple (1). Aussi une des premières mesures qui suivirent la malheureuse émeute des Hébertistes fut-elle d’enlever à l’armée de la Moselle, sur la motion de Saint-Just, le général Hoche, le plus capable, le plus hardi, mais aussi le plus soupçonné, de tous les généraux qui avaient commandé jusque-là, puis ensuite de le faire venir à Paris, où il fut retenu dans une sévère captivité et où Carnot ne retarda qu’avec beaucoup de peine sa comparution devant le tribunal révolutionnaire.

Telles étaient les craintes qui se présentaient pour le cas où les armées seraient victorieuses au dehors. Mais que ne devait-on pas redouter si elles étaient battues ou ne remportaient que des succès peu décisifs? Comme nous l’avons dit, la France avait mis sur pied des forces considérables mais le gouvernement, qui savait quels sacrifices ces armements avaient coûtés au pays etcombien de forces et de ressources y avaient été inutilement dépensées, ne se dissimulait pas l’impossibilité de maintenir ce système de défense au delà d’une campagne. <( II faut, disait Carnot, que dans quelques mois nous ayons remporté de grands et incontestables avantages; une victoire médiocre serait la ruine de la République (2). M

Cette situation mérite d’être étudiée avec soin nous allons donc lui consacrer toute notre attention, afin de pouvoir envisager sous leur vrai jour les catastrophes européennes de 179A. (1) Billaud, Convention nationale, 20 avril. Morris, dépêches à Jefferson, 13 mars, 10 avrH. -Louis Blanc, VI, 223 « Robespierre voyait venir Napoléon, » (2) Carnot à Otoudieu, 18 mars. Dépôt de la guerre, Paris.

FIN DU DEUXIÈME VOLUME.