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LUTTES DE PARTIS ENTRE LES JACOBINS. M5

principaux passages (1). On ne peut donc douter que ce ne fût avec l’entière approbation du Comité que Fabre demanda le lendemain à la Convention l’arrestation de Vincent. A l’appui de cette proposition, il lut une lettre de Ronsin, que Vincent avait fait imprimer et afficher à tous les coins de la capitale, et dans laquelle il était dit que, sur les cent vingt mille habitants de Lyon, quinze cents seulement étaient innocents, mais que bientôt le Rhône recevrait les cadavres sanglants de tous les coupables. Bourdon de l’Oise et quelques autres demandèrent également l’arrestation de Ronsin et de Maillard Bourdon, vivement soutenu par Danton, osa même proposer que les ministres fussent tenus de se porter garants de la capacité de ceux qu’ils employaient. On voit que les Dantonistes avaient pris le rôle d’accusateurs publics; mais ils étaient poussés et soutenus par le Comité, et la Convention accueillit sans la moindre résistance toutes leurs propositions. Une seconde demande de Bourdon, tendant à dissoudre le conseil des ministres, fut seule renvoyée à l’examen du Comité de Salut public; cette demande, comme nous le verrons plus tard, était tout à fait dans les idées de Robespierre, mais celui-ci ne croyait pas encore le temps favorable pour la produire. Cependant, la direction nouvelle imprimée aux événements avait causé en France une vive émotion. Partout se réveillait l’espoir d’un gouvernement plus humain; les opprimés relevaient la tête ce n’était déjà plus un crime de plaindre le malheur, d’espérer des jours meilleurs, d’intercéder pour les persécutés. Le 13, une nombreuse députation de femmes s’était présentée à la Convention pour implorer la grâce des prisonniers innocents; le 20, on en vit paraître une seconde, plus considérable encore, dont les prières furent plus pressantes, et à laquelle succéda une délégation des citoyens lyonnais, chargée de faire appel non-seulement à la pitié de la Convention en faveur des victimes, mais encore à sa justice contre les égorgeurs. Robespierre prit d’abord la parole au sujet de la députation parisienne; selon l’usage, i! s’éleva avec colère contre les aristocrates et les ennemis de la liberté mais il finit cependant par demander et obtenir un décret en vertu duquel les deux Comités du gouvernement devaient nommer des (1) Fabre au Comité de Sûreté gcncmjc, 11 pluv. an II (Buchez, vol, XXX, p. 383),