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A82 RÈGNE DE LA TERREUR EN FRANCE.

fut interdite. Toutes ces mesures attaquaient dans son essence le pouvoir de la Municipalité parisienne. Par l’exécution de cette loi, le Comité de Salut public prenait non-seulement de nom, mais de fait, possession du pouvoir exécutif dans toute son étendue. La Commune se courba douloureusement sous ces coups réitérés irritée et brûlant du désir de se venger, elle hésita toutefois et se demanda si elle devait avant tout songer à la vie de ses membres, ou tenter de résister. Le 23 novembre encore, elle avait osé répondre au discours de Robespierre en faisant fermer toutes les églises de Paris; mais elle avait révoqué cet ordre le 28, en accompagnant la révocation de plaintes mélancoliques. Le 1" décembre, elle avait fait une tentative pour réunir autour d’elle tous les comités révolutionnaires des sections; mais le /), sur un ordre de la Convention, elle avait congédié avec des baisers patriotiques tous les membres de ces comités qui se trouvaient déjà présents à l’Hôtel de Ville. Elle et ses amis se voyaient attaqués sur des points toujours nouveaux et avec des armes toujours plus menaçantes. Après avoir complètement gouverné la presse depuis la chute de la Gironde, elle reçut de ce côté deux coups également terribles Philipeaux rendit publiques ses plaintes contre Ronsin et Rossignol, et Camille Desmoulins fit paraître sous le titre de Vieux C’o~e~e?’ un journal dans lequel il flétrissait avec une remarquable éloquence toutes les atrocités du système de la terreur, les attribuant, à l’exemple de Robespierre, aux plans perfides des Hébortistes. L’effet produit par ces deux publications fut immense. Au milieu de la compression générale, le ton décidé et hardi avec lequel Camille Desmoulins osait proposer la résistance parut à la nation comme l’aurore d’une ère nouvelle. Quelques initiés savaient seuls que ces articles paraissaient à l’instigation de Robespierre, et, par conséquent, sous la protection du Comité de Salut public, que Robespierre lui-même corrigeait les feuilles du Vieux Cordelier avant deleslivreràFimpressIon, etque c’était le gouvernement, en réalité, qui osait ici faire appel à l’opinion publique; mais l’approbation et l’enthousiasme n’en furent que plus vifs. Cent mille exemplaires du Vieux Cordelier furent épuisés en l’espace de quelques jours; ils pénétrèrent dans les prisons, où ils portèrent la consolation et l’espérance, soulevèrent