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&9 COMMENCEMENT DE. LA GUERRE ÀNGLO-PRANÇA!SE.

~ous fondrons & l’improviste sur toutes les frontièrea, l’Au" triche se démembrera immédiatement, la Pologne recouvrera 6&’liberté, la Suède s’emparera des provinces russes qui bor~ dant la mer Baltique, et la Prusse verra d’un seul coup sa domination s’établir sur tout l’Empire d’Allemagne. Les Français, disait~ en terminant, ne demandent et ne veulent rien pour eux; ils sont surtout disposés à laisser la Hollande intacte, maia à la condition que la maison d’Orange ne montrera pas, de son côté, d’inimitié contre la République. !) On ne trouvera pas beaucoup d’actes diplomatiques qui caractér~ent mieux la politique des chefs révolutionnaires & cette période. C’était une politique toute d’impatience, d’ardeur et d’audace, insatiable dans ses ambitions, pans mesure dans ses moyens. Malheureusement, cette hardiesse reposait moins sur u8e juste appréciation de la tâche à accomplir que sur un impétueux entraînement qui, sans souci des conséquences, jetait le pays dans une suite innombrable de dangers. Il eût sufli, en 6Set, d’un peu de réflexion pour reconnaître qu’on ne convértiralt jamais le roi de Prusse à la politique française par dea rêveries aussi vagues et aussi insensées. Le roi haïssait la Révolution du fond du cœur; il était engagé dans des négociations %v6o l’Autriche et la Russie, et il éprouvait un profond sentiment de respect pour la constitution de l’Empire. En admettant même que tous ces obstacles eussent pu se surmonter ou disparaître et ~uele roi, ne prenant en considération que les intérêts de l’État prussien, eût pesé en tonte liberté la proposition française, il -Jm eût fallu alors entreprendre une lutte à mort contre les cours impériales, lutte qui aurait eu pour premier résultat de fortifier la Pologne, ennemie de la Prusse, et la Suède qui était en tout point favorable à la France. Aucun des avantages offerts ne pouvait contrc-balancer de tels dangers, d’autant moins qu’il était facile de découvrir combien peu il fallait compter sur la sincérité des sentiments de la France & l’égard de la Prusse, sincérité qui devait être pourtant la première base du système. Tandis queles hommes d’Etat de la France, par amour pour la démagogie, laissaient leurs armées se désorganiser et se perdre, ils cherchaient à compenser leur faiblesse militaire en nouant des intrigues diplomatiques dans toutes les parties du monde, et en minant