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FIN DE LA CAMPAGNE DE 1793. M?

sa)t le service, Il portait de l’eau et arrosait des jardins en qualité de garçon jardinier; la nuit, il tricotait des bonnets de laine et des vestes puis, quand il eut amassé de cette manière une somme suffisante, il acheta les livres de mathématiques et d’histoire qu’il brûtait d’étudier. C’est ainsi que le trouva 1789; on peut deviner avec quel joyeux enthousiasme il suivit le flot révolutionnaire. Il assista à la prise de la Bastille, se passionna pour Lafayette, fit la connaissance de Danton et de Legendre. Cependant il ne retira personnellement aucun avantage des premiers mouvements; il était encore sous-officier en 1792, lorsque, dans une parade, sa distinction naturelle et sa belle tenue le firent remarquer par Servan, qui le nomma lieutenant sur la place même. Il se distingua au siége de Thionville, fut promu au grade de capitaine, et fit la campagne de Belgique en qualité 3’adjudant du généralLeveneur.qui.aprésI’anairedeNeerwind~renvoyasecretement à Paris afin de mettre le gouvernement en garde contre les intrigues de Dumouriez. Hoche s’acquitta avec zèle de cette mission délicate; il rechercha Pache et Marat, et noua avec le parti de l’Hôtel de Ville, avec Bouchotte, Vincent, Audouin.’des relations qui le transportèrent tout à coup dans les cercles les plus influents d’alors, au centre de la grande politique, à la source des décisions qui réglaient les destinées du monde. H entra dans cette nouvelle situation avec l’assurance et l’ardeur du vrai talent. On eût cru dés le premier instant que ce fils d’invalide, ce valet d’écurie n’avait jamais fait autre chose que conduire les armées et gouverner les peuples. Il parlait encore le langage de ses protecteurs, blasphémait comme le Père Duchesne, jurait d’exterminer les traîtres, les riches et les tyrans mais, au milieu même de ces rudes passions, germaient les grandes pensées dont le développement devait bientôt polir cette rudesse de formes. De retour a l’armée de Belgique, il méprisa la conduite mesquine de la guerre son esprit pénétrant et sa sûreté de coup d’œil lui montrèrent la route à suivre pour produire de grandes choses, et il accabla le Comité de Salut publie de conseils et de demandes dans lesquels se manifestaient son ardente impatience et le sentiment de sa supériorité. « Cessez de disperser vos forces, écrivait-il à la fin d’août, réunissez-les en une masse imposante, et triomphez en avançant fièrement. Nous ne faisons qu’une guerre