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FIN DU POUVOIR DE DANTON. 347

tements de la Saône, de la Côte-d’Or, de la Haute-Saône et de la Loire, Couthon enfin, par ses écrits, en avait mis vingt-cinq mille sur pied dans le Puy-de-Dôme, sa patrie; or, il fallait offrir un appât considérable ces masses pour les entraîner au combat, et quel appât pouvait être plus séduisant que les richesses d’une cité populeuse, naguère encore si florissante? Le premier acte du nouveau gouvernement fut donc d’exciter des masses brutales au pillage d’une ville dont les habitants n’avaient pris les armes que pour se défendre contre une poignée de bandits déchaînés. Lyon offrit encore une fois de se soumettre, si la Convention voulait rapporter les décrets rendus contre elle mais elle ne devait pas espérer que cette offre serait acceptée, car le tribunal lyonnais avait prononcé le 1G, contre Challier, une sentence de mort aussitôt exécutée. DuboisCrancé, commissaire de la Convention à l’armée des Alpes, somma la ville de se rendre sans conditions, et, ayant reçu une réponse négative, il commença sur-le-champ les hostilités. Il ne fit cependant que peu de progrés jusqu’à l’arrivée des paysans. Kellermann avait requis et réuni à ses bataillons huit mille gardes nationaux, mais cela ne sufïisait pas seulement pour cerner complètement la ville. Il occupait en personne la route de Genève, sur la rive droite du Rhône, avec une colonne une seconde colonne, sous les ordres du général Rivas, fut placée sur la rive gauche de la Saône, au nord de la ville; une troisième, commandée par le général Vaubois, se rangea sur la rive gauche du Rhône et commença aussitôt à tirer sur les quartiers voisins. Mais Précy disposait dans la ville d’une garde nationale de quarante mille hommes, son arsenal renfermait trois cents pièces d’artillerie, les routes du Sud-Ouest, vers le Forez et Clermont, étaient ouvertes à ses communications, et les assiégeants durent se contenter de défendre leurs propres positions contre les sorties incessantes des Lyonnais. Bientôt même, une attaque des Piémontais ayant rappelé Kellermann en Savoie, toute offensive cessa de la part des républicains. Kellermann repoussa énergiquement l’ennemi, ce qui n’empêcha pas Robespierre de l’accuser aux Jacobins de n’avoir pas réprimé assez énergiquement la rébellion des Lyonnais; le ministre de la guerre prononça immédiatement sa destitution.