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336 SUSPENSION DE LA GUERRE DE LA COALITION.

de Cherbourg’, laquelle ne se composait encore que de lui et de ses deux adjudants. Wimpfen était un homme ferme, mais modéré, un royaliste libéral que les excès de la populace parisienne remplissaient d’horreur, et qui se montra prêt à se mettre à la tête des troupes bretonnes. Mais il s’aperçut bien vite de l’incapacité pratique de ses nouveaux alliés, et il déclara nettement aux Girondins que, s’ils ne voulaient pas courir a une ruine immédiate, il fallait qu’ils réclamassent l’appui de l’Angleterre. Les Girondins se récrièrent avec une patriotique indignation et rejetèrent absolument ce conseil; depuis lors, le général fut de leur part l’objet d’une soupçonneuse surveillance. Mais celui-ci leur rendait méfiance pour méfiance pour ne pas les perdre de vue, il resta à Caen tandis que la colonne des carabots, dirigée sur Paris, s’avançait jusqu’à Vernon, sur la Seine, où une poignée de gendarmes parisiens la dispersait sans coup férir. En présence d’un tel état de faiblesse et de désunion, les agents du Comité de Salut public, qui avaient pour eux les discours, les écrits, les promesses, les menaces et surtout des quantités considérables d’assignats, devaientfacilement triompher(l). Dès le commencement de juillet, le Comité ne doutait plus de la prochaine soumission de ces provinces.

Le Comité de Salut public cherchait à acquérir dans la guerre et dans la diplomatie une position semblable à celle qu’il possédait à l’intérieur. 11 désirait une guerre raisonnable, limitée à un but précis, quoique le coup d’État du 2 juin lui eût rendu ce but bien plus difficile à atteindre. Laquelle des cours européennes eût consenti à traiter avec Marat ou avecllenriot? Lequel des ministres français eût pu, sans danger pour sa vie, proposer à la Commune une alliance avec un roi ? Lebrun avait été arrêté le 2, rien que pour les tendances à la paix dont nous avons parlé plus haut, et l’ambassadeur de Suède, ne conservant plus aucun espoir, avait quitté Paris pour se rendre en Suisse. Néanmoins le Comité désirait ne pas rompre ces commencements de négociations, et il profita des premières semaines, pendant lesquelles, malgré son arrestation, Lebrun resta aux affaires en attendant la nomination de son successeur, pour faire partir plusieurs agents (1) Les papiers du Comité de Salut public en fournissent de nombreuses preuves.