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318 SUSPENSION DE LA GUERRE DE LA COALITION.

pas en majorité dans une section, ils se jetaient avec des bâtons sur les bourgeois pris à l’improviste, les chassaient tumultueusement de l’Assemblée, et faisaient adopter la pétition, sous la protection de la police municipale (1). Néanmoins, ce ne fut qu’au nom de vingt-huit sections que le maire put demander; le 27 mai, la mise en liberté d’Hébert et l’abolition de la commission ici encore, l’émeute dut faire le reste. A un moment donné, une troupe de fédérés, d’amazones, de tape ~Mr fit irruption dans la salle; tous se mêlèrent bruyamment aux députés de la Montagne, et c’est au milieu de ce tumulte que l’ami de Danton, HéraHit-Séchelles, déclara, en sa qualité de président, que la Convention accueillait la demande des sections. Cependant la joie causée par ce succès fut de courte durée, car, sans revenir sur la mise en liberté d’Hébert, la Convention, dans la séance suivante, prononça la nullité de sa décision de la veille, rétablit la commission des Douze, et menaça de nouveau les Jacobins de poursuites judiciaires. Ceux-ci résolurent alors d’en venir aux dernières extrémités, et Hébert, dans sa fureur, somma les Cordeliers d’immoler les Girondins au sein même de la Convention. Les amis de Danton résistèrent avec beaucoup de peine mais le Comité révolutionnaire réuni à l’Archevêché, confiant dans les succès obtenus jusque-là dans les sections, n’hésita plus à mettre à exécution les projets conçus à Charenton.

Le Comité de Salut publicetle ministère étaient instruitsde tout ce qui se passait; mais tous deux étaient sans chef; la plupart de leurs membres, divisés entre eux, ne savaient même pas bien ce qu’ils désiraient la Commune les remplissait d’inquiétude, et la Gironde ne leur causait qu’irritation et méfiance. Pour augmenter encore leur terreur et leurs perplexités, les nouvelles les plus alarmantes arrivaient relativement à la guerre. Les paysans de la Vendée, maîtres de cette province depuis le commencement du mois, avaient battu le 25 le général Chalbot près de Fontenai et menaçaient sur plusieurs points de passer la Loire. En Belgique, Cobourg, ayant enfin reçu ses renforts, avait forcé le 23 l’armée française à quitter le camp de Famars depuis lors, il cernait de tous côtés la place importante de Valenciennes. En annonçant (1) Procès-verbal de la Commune, 26 mai.