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312 SUSPEKSMN DE LA GUERRE DE LA COALITION.

mette faisait entendre des menaces de sang et de mort la police dispersait les attroupements et empêchait que l’on ne rédigeât des adresses à la Convention plus de deux mille hommes furent arrêtés dans l’espace de quarante-huit heures. Robespierre, entrant tout à fait dans les idées de l’Hôtel de Ville, s’écria aux Jacobins « La grande conspiration a enfin éclaté quiconque porte des habits dorés est l’ennemi naturel des sansculottes il faut que nous réunissions ces derniers pour en former, dans Paris même, une armée qui combattra les aristocrates il faut que le trésor prélève sur les riches les moyens de pourvoir à la nourriture de tous les pauvres, »

Le parti démocratique se trouvait placé en face du plus grand danger qui pût le menacer, le soulèvement, non-seulement de quelques fractions politiques, mais de la masse de la population. Si cet état de choses se prolongeait, les Jacobins devaient s’attendre à voir leurs organes les plus puissants, les sections, passer au service de leurs adversaires. Déjà leurs bandes armées n’osaient plus paraître en présence de la garde nationale exaspérée, et une force puissante se mettait d’elle-même au service de la Gironde (1). Des nouvelles inquiétantes arrivaient de toutes les provinces, où, peu à peu, la même irritation faisait sortir la bourgeoisie de son engourdissement. A Marseille, les sections avaient repris la direction des affaires, chassé les commissaires et désarmé les fédérés que ceux-ci avaient rassemblés. Bordeaux, à l’instigation des Girondins, se disposait à envoyer des troupes à Paris pour protéger la Convention. A Lyon, les partis étaient toujours plus irrités les uns contre les autres. Plusieurs départements de Normandie adressaient à la Convention d’ardentes protestations contre les perturbateurs. Il importait donc pour les Jacobins d’empêcher que toutes ces résistances se concentrassent et prissent un corps, de calmer l’irritation actuelle de la capitale, puis de porter aussi promptement que possible le coup mortel à la Gironde, qui formait alors le centre de l’opposition de la bourgeoisie. Leurs chefs surent avec beaucoup d’adresse tirer de la crise elle-même les éléments nécessaires (1) On a cherche plus tard à rabaisser la gravité du mouvement qui se produisit dans les sections mais les discussions de la Commune~ du Département et de la Convention prouvent queUe était son importance.