Page:Sybel - Histoire de l’Europe pendant la Révolution française 2.djvu/278

Cette page n’a pas encore été corrigée

SM SUSPENSION DE LA MËRM DE LA COALîTÎON.

à la Gironde les~ssurances et les promesses, en même temps qu’il transportait les tribunes par de violentes déclamations ou des propositions extravagantes, telles; par exemple, que celles de donner une pique à chaque Français, de déclarer tous les réactionnaires hors la loi, etc. motions qui devenaient insignifiantes par leur exagération même. Mais actuellement, sa position devenait d’heure en heure plus difficile et plus critique. Déjà il se voyait soupçonné par la populace armée, dont il avait été si longtemps l’idole, au moment même où la défection de Dumouriez lui enlevait l’armée de Belgique, la seule ressource sur laquelle il eût pu compter pour lutter contre cette populace. Ses convie-’ tiens le portaient toujours du côté de la Gironde, mais il voyait que la force était à l’Hôtel de Ville; il était donc irrésolu, hésitant, sans force pour prendre un parti, lorsque le coup décisif fut porté par la Gironde elle-même.

Nous avons vu après quelles hésitations les Girondins s’étaient décidés à conclure une alliance avec un adversaire aussi méprise que redouté. A peine cette alliance fut-elle formée, qu’on vit éclater à Paris une tempête qui redoublait d’intensité chaque jour; puis arrivèrent les nouvelles de Dumouriez, nouvelles qu: i réveillèrent le souvenir de toutes les menées de ~Danton en Belgique. Aussitôt les Girondins soupçonnèrent celui-ci de n’avoir jamais été qu’un traître, et de vouloir se réunir à Dumouriez pour tourner contre la Convention elle-même le pouvoir qui venait d’être donné au Comité de Salut public. Il leur eùt été facile de reconnaître qu’un tel projet était impraticable mais, dans leur exaspération, ils n’examinèrent rien; ils se réjouirent, au contraire; de ce que la trahison de Dumouriez leur fournit une arme populaire contre le chef des septembriseurs. Le jour même où le Comité révolutionnaire se réunissait à l’archevêché~ Lasource se leva à la Convention pour accuser Danton, en termes aussi énergiques que violents, d’être le complice des intrigues coupables de Dumouriez. Cette attaque sanglante; formulée par des alliés, plaçait Danton dans un grand danger, par suite de ses anciennes relations avec le général et des méSances actuelles qu’il inspirait aux Jacobins. cependant, il sut rester longtemps maître de lui, fit entendre des paroles de paix, rappela la réconciliation qui avait eu lieu si récemment.